L’or bleu, mémoires de l’indigo au Sénégal

Le Musée de la Femme de Dakar a sollicité le Conservatoire des Arts et Métiers de l’Élégance de Saint-Louis pour l’étude de différents textiles indigos de ses collections, anciens et contemporains, leur documentation et présentation au musée. Maï Diop a fait ce travail comme commissaire associé.

Collection Mufem

Collection MUFEM

L’exposition a pour objectif de renseigner le visiteur sur le processus de teinture à la cuve et sur la préparation des étoffes avant leur immersion dans le bain de couleur.

Le Conservatoire a prêté ses pièces: celles qui sont comme brodées, en vue de créer des motifs par réserves.

Le mur d’images représentant les femmes habillées d’indigos a bénéficié de cinq photos sauvées de la destruction par le Conservatoire.

Delphine Calmette et Maï Diop vous invitent à découvrir ce parcours nourri des secrets et pratiques ancestrales du Sénégal: pays d’Afrique le plus tôt initié à l’indigo de par la présence portugaise au XVIè s.

Les portugais ont créé la monnaie-pagne qui a servi durant deux siècles dans les échanges commerciaux en Afrique. Pagnes richement ornés à travers une nouvelle technique de tissage mise au point sur les métiers à tisser africains au Cap Vert. L’indigo teint le fil de coton local et la teinture se répand en même temps que la monnaie textile. Nous avons observé les broderies de réserves pratiquées par les femmes wolof de Saint-Louis et elles correspondent point par point à des motifs tissés de ces antiques pagnes. Nous émettons l’hypothèse que les pagnes tissés de grande valeur ont été le modèle emprunté pour réaliser des pagnes teints à réserves brodées. Ceux-ci ont atteint des sommets de raffinement et ont été adoptés tout comme les pagnes tissés pour servir de monnaie d’échange et de compte, de dot, d’offrandes aux chefs et aux souverains.

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Exposition 4 SËRU NJIITLAAY, ouvrages de dames

La quatrième exposition du CAMÉE est en préparation.

Communiqué de presse

Seru Njiitlaay

Soyez les bien-venus au vernissage le 3 décembre à 17.00 h au Conservatoire, sur l’île, au nord, à Saint-Louis du Sénégal.

SËRU NJITTLAAY

Ouvrages de dames

  • L’exposition Seru Njiittlaay : Ouvrages de dames prend place au centre de l’espace du Conservatoire dont les murs sont occupés par l’exposition permanente de pagnes tissés mandjak anciens.

  • Elle met en scène les pagnes féminins portés sous les boubous et à même la peau comme lingerie. Les plus anciennes pièces collectées à Saint-Louis faisaient partie de trousseaux anciens.

  • Autour de cette collection sont présentés des pagnes simples joliment ouvragés et des pagnes « béthio » assez provocants qui sont des pagnes « de soirée ».

  • Le visiteur découvre aussi différentes provenances : du sud au nord du pays les coutumes de l’habillement varient selon les groupes et ethnies, tous présents à Saint-Louis.

  • Le tout représente plusieurs générations et types de femmes : les aïeules, les mamans, les jeunes mariées.

L’intention de cette exposition est de partager avec les visiteurs des notions d’esthétique et de savoir-faire ainsi que des notions plus « mystiques » de protection.

  • L’esthétique : elle est celle des femmes, soigneuses, savantes en broderie, crochet, et autres détails faits à la main. L’esthétique subit actuellement les influences du monde : celui de la télévision qui à travers les séries suivies par beaucoup de femmes, les instruit de modes exogènes : indiennes, brésiliennes, américaines etc.

  • Les savoir-faire : depuis les temps anciens les influences des français étaient déjà là. En matière de broderie, à Saint-Louis, les jeunes filles eurent à s’appliquer sous le regards des sœurs de Cluny et autres instructrices. Mais une grande majorité de femmes se sont mises à broder et à orner leurs pagnes avec un savoir-faire transmis par leur mère ou leur grand-mère ou tante et ont laissé parler leur fantaisie.

  • Des notions mystiques de protection : du Mali à la Guinée, au Sénégal de même, les pagnes sont des objets si près du corps que l’on choisit avec soin leur matière : du coton de préférence. On surveille de près ce coupon pour qu’il ne disparaisse pas : en effet toute action étrangère sur ce pagne aurait un effet néfaste. Il est d’usage de le soigner et de lui attacher des pouvoirs pour qu’il soit avant tout bénéfique à la santé et qu’il protège des esprits malfaisants pouvant atteindre la fertilité du couple.

La préoccupation permanente des femmes vivant en situation de polygamie exacerbe les stratégies de séduction et la compétition entre co-épouses. Les « béthio » : ces pagnes très courts et tout à fait transparents ne sont donc pas oubliés car en tant qu’ouvrage de dames ils font la démonstration de capacités techniques dans leur réalisation : dentelles de fils pailletés avec perles associées.

Exposition 2 THIAWALIS

Le Conservatoire a un an, nous marquons ce premier anniversaire avec notre nouvelle programmation 2014 soutenue par le Service de Coopération et d’Action Culturelle de l’ambassade de France à Dakar. Le concept d’exposition/atelier se concrétise. Vernissage le 10 janvier à 17.00 h

Photos de l’exposition : installation OLYMPUS DIGITAL CAMERA

Le vernissage OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA au centre Monsieur le Directeur du Centre Culturel Régional OLYMPUS DIGITAL CAMERA à gauche Monsieur le Directeur de l’Institut Français de Saint-Louis Notre public OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA OLYMPUS DIGITAL CAMERA

L’expo Thiawalis s’est prolongée jusqu’au 5 avril. De nombreux visiteurs ont pu apprécier ces tenues masculines d’une parfaite élégance.    L’atelier de broderie étant lié à l’obtention d’une subvention approuvée mais non versée (restrictions budgétaires ?) nous avons eu le grand regret de l’annuler. Les nombreuses demandes d’inscriptions nous encouragent à reprogrammer cet atelier en liaison avec une prochaine exposition.

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Nouveau don au Conservatoire

Ce 20 août Madeleine Devès Senghor a fait don au Conservatoire d’une robe ancienne dont l’étoffe a été préparée par une teinturière de Saint-Louis en 1965. Ce style de robe appelée localement « ndokette » est un modèle de tenue qui se porte encore de nos jours. Elle est une alternative au port du boubou, son ampleur laisse le corps respirer, elle se porte généralement avec un pagne assorti. Après une petite restauration, cette pièce est conservée jalousement pour être exposée lors de notre programme « ndokettes » au 4ème trimestre 2014. Nous remercions Madame Madeleine Devès Senghor pour ce don.

Ndoquette indigo Don de M.Senghor

Ndoquette indigo
Don de M.Senghor

Nous programmons une exposition sur le thème de la ndoquette: cette robe est intéressante à plus d’un titre car sa coupe est très proche de celle des robes antillaises et bahianaises. Remarquez aussi l’association avec la broderie anglaise qui est commune à ces différentes robes.

Bahianaise

Bahianaise

http://afrodes.wordpress.com/category/afrique-afrodescendants/

Sénégalaise

Sénégalaise

http://cartes-postales.delcampe.fr/page/item/id,135463388

Antillaise

Antillaise

http://lentilus.com/robe-madras/15-robe-longue-madras-smokee-broderie.html

Nous lançons l’information pour que d’ici août 2014 les personnes qui détiennent ce genre de robe (ancienne, exceptionnelle …) nous fassent une offre de prêt. Un contrat de prêt sera établi entre la direction du Conservatoire et les prêteurs.

Don d’une belle pièce au CAMÉE

034 Notre Marraine Marie José Crespin a fait don au CAMÉE de cette pièce magnifique, véritable chef d’œuvre de tisserand qu’elle tient de sa famille. Le fond fut d’un indigo profond, devenu gris au fil du temps. Nous remercions notre généreuse donatrice !

Nouvelles acquisitions le 15 juin 2013

003 Basin « takk brodé/serré » de Saint-Louis du Sénégal avec franges. Pièce de grande dimension (châle ?) très rare. Acquisition Maï Diop juin 2013

004 Pagne tissé, très fin, indigo-takk réalisé sur fond noir et blanc. Acquisition Maï Diop juin 2013.

en présence des professeurs Rovine et Mc Laughlin …

notre inauguration de « Wané Ndono:  l’exposition d’un héritage »

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Madame Victoria Rovine
Madame Fiona Mc Laughlin
Chers collègues, chers amis, cher public,
Je vous prie d’excuser l’absence de monsieur le Maire Cheikh Bamba Dieye et de l’adjointe à la culture madame Ngoné Thioune qui auraient souhaités être là mais qui sont retenus pour inaugurer Duo Solo le festival de danse contemporaine auquel nous nous rendrons sûrement nombreux, dès ce soir à l’Institut Français.
Nous vous accueillons avec grand plaisir pour cette exposition dite permanente au Conservatoire des Arts et Métiers de l’Élégance. Elle a été voulue et programmée par l’Association ACAMÉE qui est la structure chargée d’animer le projet de ce Conservatoire CAMÉE .
Je suis impliquée à 2 titres : en tant que présidente de l’association et en tant que collectionneuse de ces fameux textiles qui sont pour la plus part de facture mandjak.
Les pagnes présentés dans cette exposition ont été sélectionnés pour leur provenance : ils viennent de familles saint -louisiennes. Seulement 2 pièces viennent du Cap Vert : elles illustrent bien l’origine pré-coloniale de ce savoir-faire auquel les explorateurs portugais ont beaucoup apporté.
Un tel artisanat s’est développé grâce à la demande (énorme aux 17è et 18è siècles ) et à la concurrence : d’innombrables tisserands étaient à l’ouvrage pour fabriquer ces pagnes-monnaie. La concurrence créée l’émulation.
Maintenant je pense que pour que pour que la demande persiste il faut que la culture persiste. Les coutumes veulent que ces textiles soient présents lors des cérémonies. Si les modes de vie changent et que la mondialisation des goûts nous donnent envie d’autres modes de consommation, nous nous détournons de nos propres valeurs et représentations symboliques. Ainsi se perdent les fondamentaux qui structuraient les familles et se perdent du même coup le goût pour ces objets.

L’intérêt d’une exposition permanente est non seulement de permettre aux visiteurs extérieurs à la ville, aux invités de la commune, d’avoir toujours accès à ce déploiement de pagnes de famille, à cet héritage textile de facture locale, mais aussi de donner le temps aux écoles, aux lycéens, aux étudiants de l’UGB de venir sonder les messages multiples des étoffes, de leur reconnaître leur valeur et de se poser des questions.
– la pérenité de l’artisanat d’art ici et maintenant
– la créativité des femmes qui donnent à tisser
– le symbolisme dans la vie : de la naissance à la mort
et bien d’autres questions qui concernent le patrimoine immatériel de la société saint-louisienne et que l’art populaire permet de sonder.

L’action du Conservatoire va se déployer au fil des mois et des années. Des expositions temporaires vont être présentées dans l’espace central : sur des mannequins, sur des panneaux auto-portants, des kakémonos descendant des cintres etc. Des sessions de formation vont être programmées avec les artisans et stylistes demandant du perfectionnement.
Le Conservatoire se veut participant lors des actions initiées par d’autres structures : Entre’Vues(portes ouvertes sur le Patrimoine), Duo Solo dès l’année prochaine (danse avec les symboles tissés …), Saint-Louis : Capitale africaine de la Culture etc.
Notre Conservatoire souhaite aussi s’ouvrir à d’autres collectionneurs, et créateurs (bijoux, accessoires, coiffure, photo de mode etc.)
Les idées sont belles, nous sommes nombreux à vouloir les développer, c’est difficile parfois car les moyens financiers sont rares. Mais nous sommes quelques associations à vouloir nous rassembler pour mutualiser nos forces et agir en faveur de nos projets face aux bailleurs de fonds. Nous devons convaincre, abattre les murs du doute, rassurer nos partenaires par une bonne gestion, transparente et rigoureuse.

Depuis le 5 janvier : date d’ouverture du CAMÉE nous avons été très actifs et très économes, ceci pour pouvoir présenter un rapport d’activité chiffré : ce qui compte beaucoup dans un dossier de demande de fonds.
Il y a eu TAKK bleus et palman : les couleurs de l’indigo : l’expo d’ouverture avec le sublime film de Patricia Gérimont et Jean-Claude Taburiaux présents pour le commenter ;
Il y a eu « Verres de Stars » qui a joué avec les lunettes noires et le portrait photo (Opération interactive en 2 temps qui a mobilisé + de 60 jeunes et un large public)
Il y a eu aussi une journée avec les étudiants en licence 1 et 2 de l’UGB, étudiants en infographie auxquels j’ai parlé sur la conception et réalisation d’une exposition en prenant le cas de Verres de Stars.
Ce moment de partage a compté : c’est le début d’un cheminement que l’association A.CAMÉE appelle de ses vœux : que notre Conservatoire soit un terrain fertile qui s’offre aux jeunes pour leurs pratiques, leurs recherches, leurs expérimentations ou leurs enquêtes de terrain.

Merci de m’avoir donnée cette opportunité de re situer les objectifs larges de notre association, nous espérons que vous ferez une bonne visite de Wané Ndono et que vous reviendrez avec vos familles, vos amis, pour échanger avec nous et commenter notre présentation.
Je vous remercie de votre attention.

Notre exposition permanente: L’exposition d’un héritage

Wané Ndono l'affiche

En wolof, « Wané Ndono » est un peu singulier: cela signifie « un héritage en exposition » … or un héritage se partage, mais ne s’expose pas, dans les usages locaux. Nous espérons que le débat va s’ouvrir d’autant mieux, car polémiquer sur la polysémie est un des plaisirs à partager largement au Sénégal si l’on est candidat.

Notre exposition permanente Wané Ndono est donc en place et nous allons l’inaugurer ce mercredi 12 juin 2013 à 18:00h en présence de deux professeurs de l’Université de Floride:

Victoria Rovine: elle travaille actuellement sur un livre qui mettra en regard le design de mode en Afrique et l’influence de celui-ci sur la mode occidentale.

Fiona Mc Laughin: langues et culture populaire africaines

Dans l’avenir les expositions temporaires s’installeront dans l’espace central de notre Conservatoire, qui doit être équipé de panneaux autoportants et de grands kakemonos descendant des cintres.

Nous vous proposons, même de très loin, de soutenir les initiatives de l’Association pour le Conservatoire des Arts et Métiers de l’Élégance: demandez nous notre dossier-projet, pensez à nous qui recyclons tout matériel de muséographie (éclairages, vitrines, praticables etc.) ou adhérez à l’association avec le bulletin ci-joint.

Exposition 1 Takk bleus et palman: les couleurs de l’indigo

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Takk est l’expression wolof qui désigne l’acte d’attacher serré. C’est ce que l’on fait pour préparer l’étoffe avant de la teindre à l’indigo. Après teinture on lâche toutes les ligatures et apparaissent les motifs en blanc sur bleu.

Palman est la couleur indigo modifiée par adjonction de cyanure de cuivre. La couleur obtenue est un magnifique violet cuivré.

L’exposition présente des « travaux en cours »: pièces rares qui montrent les travaux de réserve avant teinture, après teinture, en cours de mise à plat … Ces objets textiles sont en soi de véritables œuvres: elles contiennent la densité d’une culture très attachée à ses symboles, la gestuelle patiente et ardente d’artisanes expertes, mais peu nombreuses aujourd’hui. Sont présents les pagnes tissés et teints à l’indigo, les boubous dans leur ample splendeur bleue, violette, palman … cette couleur aubergine dorée qui donne au basin calandré une allure de bijou très seyant … Plusieurs pièces exceptionnelles de la collection privée de Maï Diop, de celle de Mansour Thioye et deux robes contemporaines de Rama Diaw, styliste montante de Saint-Louis donnent à cette exposition le caractère didactique et documentaire que le CAMÉE veut offrir à la commune de Saint-Louis, à ses habitants et aux visiteurs attentifs à comprendre  les aspects culturels contenus dans la vieille cité classée.

Maï Diop.